BERBEN Frédéric-Psychologue-53Vidéos

mercredi 20 novembre 2013

Les fondements de la pleine conscience. La voie de la sagesse.

Il ne s'agit pas, pour stimuler nos capacités d'auto-soin de suivre une série de techniques. La pratique de la pleine conscience nécessite de s'engager totalement dans le processus.
C'est davantage une façon d'être qu'une façon de faire.
L'attitude avec laquelle nous entreprenons la méditation en pleine conscience est essentielle. Il faut laisser se développer en nous de nouvelles approches de l'apprentissage. Apprendre vraiment à apprendre.
Pas plus que nous ne pouvons nous forcer à nous endormir, nous ne pouvons nous obliger à être en guérison.
Nous pouvons créer, comme pour l'endormissement, les bonnes conditions puis lâcher prise.
Gardons une attitude sceptique mais ouverte ! Résumons la conduite générale par : "work and see"!
Chacune des attitudes suivantes est dépendante des autres. Elles sont à cultiver toutes ensemble.
Elles structurent les fondements de la Mindfulness tels que décrits dans le protocole MBSR construit par Jon Kabat-Zinn.

1) Le non-jugement


Nous devons devenir les témoins impartiaux du flot permanent de jugements et de réactions internes et externes auquel nous sommes soumis et apprendre à nous en abstraire.
En portant attention à l'activité de notre esprit, nous découvrons que nous fabriquons en permanence des jugements sur notre expérience.
Notre mental catégorise et catalogue, attribue une valeur positive, négative ou neutre à ce qui se passe.
Cette habitude de juger notre expérience nous contraint à des réactions automatiques et mécaniques inconscientes.
Ces jugements prennent le contrôle de notre activité mentale et nous ne sommes jamais en paix avec nous-même.
Donc si nous souhaitons trouver une façon plus opérante de gérer le stress de notre vie, nous devons commencer par être tout-à-fait conscients de ces jugements automatiques.
Nous identifions précisément nos préjugés, idées préconçues, angoisses et nous nous libérons de leur emprise.
L'attitude à adopter est celle d'un témoin impartial face au mental. L'esprit juge, constatons-le, ne l'empêchons pas puis passons à autre chose !
La pratique suppose de suspendre les jugements et de simplement observer tout ce qui émerge, quoi que ce soit et sans chercher à agir de quelque façon.

2) La patience


Nous devons comprendre et accepter que les choses se développent à leur rythme. Dans la pratique, nous nous rappelons qu'il n'est pas nécessaire d'être impatient avec nous-même même si nous pratiquons depuis un temps qui nous paraît long sans qu'une amélioration ne se produise.
Notre pensée vagabonde vers le passé, le futur, s'égare dans des jugements. Nous sommes tendus, agités, apeurés. Nous sommes en perdition dans la tourmente de nos états internes. 
La patience est utile quand l'esprit est agité. 
Accepter la nature de l'esprit (jugement et vagabondage).
Attendre tranquillement que la recentration sur l'objet de notre méditation fasse effet.
Etre présent, c'est être ouvert à chaque instant, l'acceptant dans sa globalité, avec tout ce qui s'y passe.
Il ne s'agit pas de planifier, anticiper ou ruminer sans cesse ni de remplir notre instant avec des pensées ou des actes.
Les choses ne peuvent croître qu'à leur rythme propre.

 3) L'oeil neuf


Nous devons essayer de désenclencher notre tendance à penser ce qui se passe, c'est-à-dire à construire la réalité en fonction de ce que nous en savons ou croyons.
Ce mécanisme nous empêche de voir la réalité telle qu'elle est vraiment. Nos croyances nous aveuglent et nous font passer à côté de la vérité.
L'oeil neuf, dans la pratique de pleine conscience, consiste en un esprit du débutant, ouvert, réceptif, sans expertise.
Comment les choses et les gens sont-ils réellement ? Les avons-nous vraiment pleinement ressentis ?
Pratiquons l'oeil neuf en toute circonstance !

4) La confiance


Ce qui se passe en nous constitue la seule et unique vérité en ce qui nous concerne. 
Alors pourquoi ne faisons-nous pas confiance à nos ressentis ? Ne nous ignorons pas !
C'est une confiance envers nous-même. il est important de faire confiance à son corps pour saisir ses propres limites. Le yoga, le Tai Ji Qi Gong nous apprennent beaucoup sur nous-même.
La méditation consiste à être soi et celà passe par une confiance en ce qui est soi.
Etre plus pleinement, authentiquement soi-même.
Nous découvrons la nécessité de prendre confiance en nous-même pour nous acheminer sur la voie de la responsabilité engagée face à notre existence.
Notre propre vie, il n'y a que nous qui puissions la vivre.
Se faire confiance, pleinement est la première marche vers la capacité à faire confiance aux autres.

5) Le non-effort (l'absence de but et d'effort)


Nous constatons que toutes nos activités quotidiennes sont organisées en fonction d'un but.
La méditation en pleine conscience n'a pas d'autre objet que d'être soi-même. Elle ne vise rien d'autre. Elle aiguise un autre regard sur ce que nous sommes déjà.
Ne nous asseyons pas en nous fixant des objectifs, des obligations. pratiquons seulement, cultivons le non-effort, l'absence de but à atteindre, la vacuité.
Tout changement bénéfique en nous se fait seul.
C'est notre présence à nous-même et au monde qui se modifie. Cette présence, c'est précisément là et seulement là que nous sommes vraiment.
Se fixer un but en méditation reviendrait à s'auto-évaluer, se juger et sombrer dans les idées et les émotions.
Soyons juste attentif à ce qui survient. Si nous sommes tendus, soyons avec la tension. Si nous avons mal, rencontrons notre douleur.
Observons, instant après instant. soyons totalement là avec ce qui est déjà là.
Le mouvement en direction du but à atteindre lorsqu'on commence une thérapie, il se fait tout seul comme un déploiement que nous invitons à se passer au coeur de notre être.

6) L'acceptation


Cela signifie : accueillir les choses telles qu'elles sont réellement dans le moment présent. 
Si nous avons une douleur au dos, nous avons une douleur au dos en cet instant et c'est tout.
Le processus d'accueil de nos limitations (vieillesse, maladie, mort, accident, météo, décisions des autres, famille, etc...), c'est-à-dire de toutes ces choses que je ne peux pas solutionner est un travail de deuil et constitue une bonne part du travail de guérison.
Accepter ne veut pas dire être passif ou accepter ce qui est néfaste ou se trouver sans valeurs. Ce n'est pas une résignation non plus.
L'acceptation consiste simplement à tendre à voir les choses telles qu'elles sont, ce qui crée les conditions pour agir de façon adaptée dans sa propre vie, quoi qu'il advienne.
Il s'agit de ne plus essayer d'imposer nos idées sur ce que nous devons penser ou ressentir en telle ou telle circonstance. 
Nous restons attentifs à tout ce que nous voyons, ressentons, pensons ici et maintenant parce que tout cela constitue notre seule réalité et toute notre réalité.

7) Le lâcher-prise


Dans la pratique, nous constatons que notre esprit nous enferme dans des pensées, sentiments, situations, relations auxquels il semble vouloir s'agripper. Les contenus de notre vie peuvent être agréables ou désagréables.
En méditation, nous mettons de côté la tendance à valoriser ou retenir certains aspects de notre expérience et à en rejeter d'autres.
Le lâcher-prise est une voie qui laisse les choses être ce qu'elles sont.
Que se passe--il lorsque nous arrêtons d'attribuer des qualificatifs aux choses et aux évènements pour les considérer comme ce qui est ?
Nous les laissons enfin exister comme ils sont et cette démarche nous invite dans la réalité telle qu'elle est vraiment.
Se cramponner à ses certitudes, à son environnement rassurant est l'attitude habituelle de notre esprit qui développe une forme d'emprise sur les choses et les interprête. En les lisant à sa manière, notre esprit les fausse et nous éloigne de ce qui est vrai pour nous : la présence dans l'instant présent, spécifiquement à l'endroit où nous nous tenons. 
C'est tout cela et uniquement cela le point de contact entre nous et la vie.
Abandonnons les croyances que nous contrôlons notre existence ou que nous avons la moindre expertise !
Chaque moment dans la journée où nous restons quelques secondes les yeux dans le vague à reposer notre esprit ou bien le soir lorsque nous nous endormons, nous savons déjà lâcher prise.
Cultivons ces qualités au quotidien !

8) L'autodiscipline


Pour aller mieux avec la méditation en pleine conscience, il faut pratiquer.
Cela exige de ne pas venir dans sa propre thérapie en touriste. 
La pratique est quotidienne, comme un athlète.
La discipline est la condition de la pratique qui entraîne après quelques mois un début de modification des automatismes mentaux et des shémes neurologiques.
Même si la pratique ne nous plait pas toujours, nous la faisons quand-même en oscillant entre l'exigence et la bienveillance envers nous-même.

9) L'exemplarité


Notre propre engagement personnel d'être humain (et de thérapeute) donne un exemple du chemin que nous parcourrons nous-même. Nous invitons les personnes à partager une aventure ensemble, celle de la vie.
La pleine conscience devient une façon d'être.
Nous façonnons ce qui nous façonne.
Notre propre présence au monde irradie et entraîne les autres à modifier leur propre présence.

10) Une représentation personnelle


Il est important pour pratiquer dans la durée, même lorsque les angoisses et les difficultés se renforcent d'avoir une représentation pour soi-même de ce que nous pourrions être sans les entraves actuelles du corps et de l'esprit : santé ? énergie ? relaxation ? bonté ? calme ? harmonie ? sagesse ? ...
Qu'est-ce-qui nous motive ? Notre représentation devrait être ce qui est le plus important pour nous, ce que nous croyons être le plus fondamental pour notre capacité à être vraiment nous-même, en paix avec nous, totalement UN.





dimanche 17 novembre 2013

Méditation et autohypnose similitudes, différences et complémentarités

Méditation et Autohypnose : similitudes, différences et complémentarités


Aujourd'hui, de nombreuses pratiques existent en thérapie qui permettent aux personnes de s'acheminer assez rapidement vers des capacités d'auto-soin.

Parmi elles, la méditation en pleine conscience et l'autohypnose proposent des ressources particulièrement intéressantes.

Quelles sont les complémentarités de ces deux approches ?


  1. La méditation en pleine conscience cherche à atteindre l'unité. L'attention est centrée sur la respiration, la posture, divers "objets" de méditation mais la conscience reste active pour écarter tranquillement les idées, émotions, sensations automatiques envahissantes. Le processus consiste à embrasser la totalité de l'être et du vécu à tous les niveaux ici et maintenant. L'autohypnose vise au contraire la dissociation. Il s'agit de fonctionner en parallèle à un niveau de conscience critique (correspondant à la définition habituelle de la conscience, adaptative, défensive, alerte) et à un niveau de conscience virtuelle (créative, inconsciente, riches des ressources sous-exploitées)
  2. En méditation, que les pensées soient positives ou négatives, que les sensations soient agréables ou pas, les émotions plaisantes ou néfastes, elles sont simplement nommées puis l'attention est gentiment redirigée vers la respiration ou le corps. En autohypnose, tout ce qui surgit est accueilli comme une réponse créative aux problèmes. Les idées qui s'activent sont précieusement recueillies car elles sont considérées comme une expression facilitée de l'inconscient. L'hypnose cherche à rendre plus claire et facile l'appréhension des processus de sortie des difficultés rencontrées.
  3. En méditation, ce qui est thérapeutique, c'est la centration et recentration sur les sensations. Le cerveau étant rapidement saturé, il ne peut focaliser son attention à plusieurs endroits à la fois. Focaliser l'attention permet de diminuer les pensées automatiques, émotions envahissantes et douleurs par exemple. En hypnose, ce qui est thérapeutique, c'est le surgissement des produits inconscients qui apparaissent comme des réponses évidentes aux problèmes.
  4. L'auhypnose cherche à saturer par différents moyens la conscience critique pour aller vers une conscience virtuelle, plus accessible aux contenus inconscients. La méditation en pleine conscience utilise au contraire tous les étages de la conscience critique. Celle-ci est orientés activement vers le corps et tous les types de sensorialités pendant que la pensée continue de fonctionner, les émotions de se manifester, etc...
  5. La méditation utilise donc activement l'attention, vecteur principal du processus d'auto-soin. L'hypnose neutralise l'attention en la saturant, elle est occupée ailleurs pour permettre un fonctionnement plus aisé et auto-thérapeutique de la partie où l'attention n'est pas.

Les deux techniques sont ainsi tout aussi intéressantes l'une que l'autre et éminemment complémentaires. Je les utilise toutes deux avec les patients au quotidien.

J'ai synthétisé les deux dynamiques dans l'utilisation du Tai Ji Qi Gong Créatif.